Tech et handicap : l’apport des assistants vocaux aux personnes ayant des problèmes d’élocution

Les assistants vocaux commencent à répondre aux besoins des personnes en situation de handicap. Une évolution salutaire qui pourrait bouleverser leur quotidien.

Ils s’appellent Siri, Google, Alexa ou encore Cortana.

Derrière ces noms se cachent des appareils qui envahissent de plus en plus notre quotidien : ce sont les assistants vocaux.

Matérialisés par une enceinte (comme la Google Home) ou directement disponibles sur notre smartphone sous forme d’application, ils nous permettent d’exécuter des commandes par la voix. Plus besoin de saisir son mobile et de taper une commande : connaître les horaires de diffusion d’un film au cinéma ou s’informer sur la météo à venir est aussi simple que de fredonner son air préféré sous la douche. D’ailleurs, la pratique progresserait tellement que l’on parle (c’est le cas de le dire) de plus en plus de référencement vocal.

Ça, c’est la théorie.

En pratique, c’est une autre paire de manche.

Des assistants vocaux non inclusifs

Qui n’a pas déjà pesté contre son assistant pour une commande mal comprise ou des résultats hors sujet ? Avec des noms d’oiseau à la clé pour le pauvre appareil ?

Le problème devient particulièrement épineux pour les personnes ayant des difficultés d’élocution. En effet, ces appareils n’ont pas pris en compte leur situation dans leur conception. Résultat : ces personnes sont exclues de facto de ces technologies. Une situation dramatique quand on sait que certaines d’entre elles, ayant perdues leur mobilité, n’ont que leur voix pour se faire comprendre.  

Cette situation est celle vécue par Muratcan Cicek. Ce jeune étudiant de l’université de Santa Cruz en Californie est atteint d’une infirmité motrice cérébrale. Les assistants vocaux sont, pour lui, une promesse d’autonomie. Des gestes du quotidien, comme allumer la lumière ou augmenter la température du chauffage, lui sont potentiellement accessibles.  

« Potentiellement » seulement car comme 7,5 millions de personnes en situation de handicap aux États-Unis, Muratcan Cicek a du mal à se faire comprendre par ces assistants vocaux.

« Bien que je fasse attention à énoncer et à prononcer soigneusement une commande, l’appareil cesse d’écouter dès mon deuxième mot. Je ne peux tout simplement pas parler assez vite pour respecter le temps d’écoute prédéfini », s’exprime Dagmar Munn, une instructrice de bien-être à la retraite atteinte de sclérose latérale amyotrophique.

Le spectre des personnes touchées par ce problème est large puisque même les malentendants qui s’expriment bien sont concernés.

Des personnes handicapées de plus en plus prises en compte par la tech

Heureusement, la technologie progresse et les GAFAM semblent avoir pris la mesure du problème. Par exemple, Google a lancé Euphonia. Il s’agit d’un projet de recherche destiné à mieux prendre en compte les personnes ayant des difficultés d’élocution dans leurs outils de reconnaissance vocale. Pour ce faire, ils enregistrent les voix de près de 1 000 personnes handicapées comme Muratcan Cisek.

« Un moment de rêve » pour ce dernier qui a pu constater une amélioration de son quotidien. « Euphonia contribue à mon indépendance lorsque je suis seul [dans mon fauteuil roulant], car je peux maintenant communiquer sans problème avec les chauffeurs de bus ou les barmen ». Désormais, 70% de ses paroles sont prises en compte, y compris des termes techniques qu’il doit utiliser lors des entretiens d’embauche. Un pourcentage qui reste à améliorer ce qui est l’objectif de Google : bientôt, 5 000 personnes supplémentaires rejoindront le projet Euphonia.

À cela s’ajoutent d’autres entreprises qui travaillent sur le sujet de la reconnaissance vocale des personnes ayant des difficultés à s’exprimer. C’est le cas de Voiceitt. Cette startup a créé une application du même nom qui apprend à reconnaître la singularité de votre modèle de langage. Une approche inclusive qui a manqué à la conception de nos assistants dits « intelligents ».

En effet, pour interpréter la parole, ces appareils convertissent généralement les commandes vocales en texte et comparent ce dernier à des mots reconnaissables dans une base de données. Historiquement, elles ont été plus souvent exclues des données de référence collectées auprès de personnes présentant des schémas d’élocution différents, tels que des bredouillements et des répétitions de mots.

Ces schémas sont de plus en plus pris en compte. Voiceitt a l’avantage d’être utilisable avec n’importe quelle technologie de reconnaissance vocale, comme l’assistant virtuel d’Amazon, Alexa.

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